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22 février 2025
Moulay 'Abd el-'Aziz ed-Dabbagh ق
Célèbre et grand WaliyuLlah de Fès, Moulay 'Abd el-'Aziz ed-Dabbagh est une étoile radieuse de la Connaissance spirituelle, un révélateur de ses Vérités et la splendeur de ses Secrets. Il est un Wali oummi ¹ possédant et même incarnant la connaissance pure, la science divine inspirée - le 'Ilm laduni. Il est le porteur de la bannière des 'Arifin et le Pôle des cheminants, il s'agit du Ghawth, le Cheikh et l'unique de son temps, le Qutb Rabbani, le Cherif et le Wali Saleh, Sidi Moulay Abû Fares, 'Abd el-'Aziz Ibn Mas'ud Ibn Ahmed Ibn Muhammed el-Hassani el-Idrissi ed-Dabbagh, connu sous le nom de Moulay 'Abd el-'Aziz ed-Dabbagh, qu'Allah soit satisfait de lui !
Il est né à Fès au Maroc en l'an 1095 de l'Hégire, et il est le plus célèbre membre du clan berbère Ed-Dabbagh ², une famille de Churafa Idrissides comptant de nombreux Awliya' d'Allah (تعالى).
Son grand oncle, le savant et ascète Sidi El-'Arabi el-Fichtali, avait annoncé sa naissance et qu'il deviendrait un Waliyullah. Le Prophète (ﷺ) lui avait annoncé cela et d'autres détails à son sujet en rêve. Il demanda aux futurs parents de nommer l'enfant annoncé « 'Abd el-'Aziz », et avant son décès en l'an 1092, qu'Allah lui fasse miséricorde, il leur confia un dépôt (amana) constitué de sa chechia (coiffe/couvre-tête) et ses chaussures, à transmettre à Sidi 'Abd el-'Aziz. Ses parents ont conservé ces précieux objets, et sa noble mère tomba en effet enceinte d'un garçon quelques temps plus tard. Ils le nommèrent donc « 'Abd el-'Aziz », et lorsqu'il arriva à l'âge de raison et qu'il commençait à jeûner, alors Allah (سبحانه وتعالى) inspira à sa mère de lui remettre le dépôt que Sidi el-'Arabi avait confié. Il raconta cet événement ainsi : « J'ai pris possession du dépôt, alors j'ai porté la chechia et les chaussures. En conséquence, une chaleur intense m'a saisi, jusqu'à ce que je verse des larmes, puis j'ai su ce que Sidi El-'Arabi indiquait, et j'ai compris son signal, Louange à Allah le Seigneur des mondes. Depuis que je les ai portés, une ouverture spirituelle m'a été accordée, et Allah a jeté dans mon cœur le désir ardent de la pure servitude. ³ J'ai alors débuté une irrépressible recherche d'Allah. Je n'ai pas entendu parler d'une personne que les gens prenaient comme guide sans que je sois allé vers lui et que j'ai suivi ses conseils, jusqu'à ce qu'une ouverture soit perfectionnée pour moi par les mains de Sayyidina El-Khidr qui m'a enseigné la récitation d'un wird au Sidrat el-Muhararat, dans le mausolée du Wali Saleh Sidi 'Ali Ibn Hirzihim. »
C'est donc par voie de Tabaruk que commença sa vie spirituelle et qu'il fut guidé vers plusieurs maîtres de Fès et d'ailleurs, dont Sidi Muhammed el-Lahouej, d'un village près de Tétouan, Sidi Mansur Ibn Ahmed, Sidi Ahmed Ibn 'Abdullah, Sidi 'Abdullah El-Barnawi, et aussi le gardien du mausolée de Sidi Ibn Hirzihim, le Wali Saleh Sidi 'Oumar el-Hawwari, qui était affilié à la Nassiriyya et qui avait été un élève de Sidi El-'Arabi el-Fichtali. Il fréquenta Sidi El-Hawwari jusqu'à son décès en l'an 1125, et plus tard il affirma qu'il hérita de la science de chacun de ses maîtres. Qu'Allah soit satisfait d'eux tous !
Concernant la formule que lui remit le maître des soufis, Sayyidina El-Khidr (عليه السلام), il devait la réciter sept mille fois par jour et il s'y est appliqué assidûment. Il s'agit de l'invocation suivante : « Allahumma, Ya Rabbi, par le rang de Sayyidina Muhammad Ibn 'Abdullah Salla Allahu 'aleyhi wa Salem, réuni moi avec Sayyidina Muhammad Ibn 'Abdullah dans ce monde avant le suivant.⁴ »
Il vécut son grand Fath trois jours après le décès de Sidi 'Oumar el-Hawwari, en allant vers le mausolée de Sidi Ibn Hirzihim (رحمهم الله). Il a dit : « Je fus pris de frissons et de violents tremblements. Puis ma chair commença à s'agiter abondamment. Je marchais dans cet état qui ne cessait de croître en intensité, jusqu'à la tombe de Sidi 'Ali Ibn Hirzihim. Le hal devenait de plus en plus fort [...] Je pensai : « Voici la mort, sans aucun doute. » Alors sortit de moi comme une vapeur pareille à celle qui monte du couscoussier. J'eus le sentiment que je grandissais au-delà de toute mesure. Les choses de ce monde se dévoilèrent à moi, m'apparaissant comme si elles étaient proches [...] Je vis toutes les mers, et les sept terres, ainsi que les bêtes et autres créatures qu'elles contiennent. Je vis le ciel et il me parût que j'étais au-dessus de lui et que je regardais ce qui s'y trouvait. Et voici que surgit, de toutes les directions à la fois, une immense lumière pareille à l'éclair : elle venait à la fois du haut et du bas, de la droite et de la gauche, devant moi et derrière moi ; et elle produisit en moi un froid glacial qui me fit penser que je mourais. L'idée me vint de me coucher face contre terre afin de ne plus la voir mais, lorsque je m'étendis, mon corps tout entier était devenu œil : mes yeux voyaient, ma tête voyait et pareillement mon pied et tous mes membres. Mon vêtement lui-même ne pouvait intercepter cette vision de tout mon être. Je compris que, couché ou debout, c'était tout un. » ⁵ Cet état cessa au bout d'un heure puis revint et cessa de nouveau, avant de revenir toutes les heures, jusqu'à faire parti de lui et devenir permanent. Afin de le guider, l'orienter et ôter la peur qu'il avait, le Wali Saleh Sidi 'Abdullah el-Barnawi était resté avec lui. Le troisième jour il commença à voir le Messager d'Allah (ﷺ), alors Sidi 'Abdullah el-Barnawi lui dit : « Ô 'Abd el-'Aziz, avant ce jour je craignais pour toi, mais aujourd'hui, voyant qu'Allah t'a rassemblé avec Sa Rahma, qu'Il soit Exalté, et avec le Sayyid el-Wujud Salla Allahu 'aleyhi wa Salem, mon cœur se sent en sécurité et mon esprit est apaisé. Je te confie donc aux soins d'Allah (عز وجل). » puis il le quitta.
A partir de l'an 1125 il devint un des principaux soufis de Fès. Il fut le maître du célèbre 'Arif bi-Llah Sidi 'Abd el-Wahheb et-Tazi, lui-même maître, entre autres, de l'éminent Wali Saleh Sidi Ahmed Ibn Idris (رضي الله عنهم). Parmi les élèves de Moulay 'Abd el-'Aziz ed-Dabbagh se trouvaient plusieurs érudits notables de Fès tels que le Faqih Sidi Ahmed Ibn Mubarak el-Lamti et le Faqih Sidi Muhammed Ibn 'Abd el-'Aziz el-Murabit es-Sijilmassi. Ce sont surtout ces derniers qui le firent connaître au travers de leurs écrits : Le magnifique « Kitab el-Ibriz » pour le premier et « Et-Teysir » pour le second. Le Kitab el-Ibriz est partiellement traduit en français sous le titre « Paroles d'or - Kitab al-Ibriz ».
Sidi El-Hassan el-Kuhin a dit : « Ses Prodiges - qu'Allah sanctifie son secret - sont innombrables. Il est en fait la mer débordante, le secret scintillant, El-Kanz el-Mutalsam, la connaissance du Ghawth unique. En effet, son disciple [Sidi Ibn Mubarak el-Lamti] a fait une mention exhaustive de ses Prodiges dans El-Ibriz. Le lecteur qui souhaite en savoir plus peut y jeter un coup d'œil, ce qui lui vaudra la sollicitude du Roi Puissant (El-Malik el-'Aziz). » Il a aussi dit : « Quiconque veut connaître son noble état spirituel, les particularités de son secret et la hauteur de sa station, doit lire El-Ibriz, dans lequel son élève susmentionné a rassemblé ses vertus et ses mérites supérieurs, bien qu'en vérité ce ne soit qu'une goutte de la mer de ses mérites. »
Au sujet du Kitab El-Ibriz, Vermicati Sanseverino a dit : « Le livre montre comment Ed-Dabbagh résout les énigmes des sciences religieuses que lui soumet son disciple savant. Ainsi, des problématiques que ni l'érudition ni le raisonnement ne peuvent éclaircir sont complètement élucidées par l'inspiration et le dévoilement. »
— De ses enseignements sur la relation maître et disciple
• Les signes d'un amour pur du disciple pour le maître est l'absence totale de critique de la part du disciple, de sorte que les faits du maître, ses propos et tous ses états soient positifs et appropriés aux yeux de l'aspirant [...]. S'il se permettait de croire que le maître n'a pas raison dans quelque chose qui lui a paru incorrect, c'est qu'il serait tombé sur la tête et serait entré dans le groupe des menteurs. Le maître ne demande ni un service extérieur à son disciple ni quelque bien matériel qu'il dépenserait pour lui, ni quelque travail physique, mais il ne lui demande rien d'autre que de croire en sa perfection, son succès, sa connaissance, sa vision intérieure et sa proximité à Allah, et que cette croyance soit permanente jour après jour, mois après mois, année après année. Si cette croyance existe le disciple en tire profit et tire profit de tout ce qu'il fait pour le maître après cela.
• L'aspirant (murid) ne tire pas profit de l'amour qu'il porte au maître s'il l'aime pour son Secret, sa Wilaya, sa science, sa générosité ou d'autres prétextes semblables. Son amour doit être attaché à la personne du maître, dirigé vers lui, sans aucun prétexte ni intérêt, tel l'amour qui existe entre les enfants qui s'aiment d'une manière désintéressée. C'est cet amour qui doit exister entre l'aspirant et son maître pour éviter que l'amour de l'aspirant dévie vers les intérêts et les prétextes [...]. En effet, les secrets et les connaissances spirituelles et ce qui en relève viennent d'Allah (تعالى), et quiconque aime Allah Le Très-Haut pour Ses secrets ne peut aimer le maître pour les mêmes raisons. Son amour pour le maître ne devient effectif que s'il l'aime pour sa propre personne, non pour ce qu'elle possède comme secrets.
Moulay 'Abd el-'Aziz ed-Dabbagh est décédé en l'an 1131 (1719), âgé seulement de trente-six ans. Qu'Allah lui fasse miséricorde et lui accorde Sa satisfaction ! Sidi El-Hassan el-Kuhin a dit : « Le Darih de Mawlana Sidi 'Abd el-'Aziz à Fès, est un des mausolées les plus grands et importants. Son Maqâm au Maroc est comme le Maqâm du plus grand Darih d'Égypte, duquel les voyageurs puisent et s'y rendent depuis les régions les plus éloignées, et les serviteurs d'Allah affluent vers lui, espérant y récolter un bien abondant. Les lumières brillent sur son mausolée, et il prend soin de ses visiteurs et les soutient avec des brises spirituelles. Allahumma, rassemble-nous dans son parti (fi Hizbihi) et fais de nous une communauté pour son amour et l'amour de ses fidèles. Amin ! »
Voir : Ibn Mubarak el-Lamti, El-Ibriz ; Muhammed el-Murabit es-Sijilmassi, Et-Teysir el-Mawahib fi Dhikr Ba'd li-l-Cheikh Abû Fares min el-Manaqib ; El-Qadiri, Nachr el-Mathani ; El-Kettani, Salwat el-Anfas ; El-Hassan el-Kuhin, Tabaqat ech-Chadhiliyya el-Kubra ; Vermicati Sanseverino, Fès et sainteté.
Notes :
1 « Oummi » est généralement traduit par illettré, mais le sens est plus profond selon le contexte et les personnes désignées. Le oummi est « celui qui est resté tel que sa mère (Oum) l'a enfanté » : concernant le commun des gens, cela désigne bien celui qui est illettré, il désigne l'ignorant et est plutôt utilisé de façon péjorative ; à l'inverse, lorsqu'il s'agit d'un Prophète ou d'un Wali, ce terme désigne une certaine pureté. C'est celui qui, dans l'acquisition du savoir, s'est préservé de ce qui est relatif et discursif, étant ainsi, un récepteur virginal, de la Révélation pour les Prophètes, et de l'inspiration divine pour les Awliya'. Ainsi, le Wali oummi est celui dont la connaissance n'est autre qu'une science émanant d'Allah, le 'Ilm laduni, en opposition à celui qui a appris par l'étude. Il est aussi presque toujours illettré, mais ce n'est pas nécessairement le cas. Concernant Sidi 'Abd el-'Aziz ed-Dabbagh (قدس الله سره), il n'est pas allé à l'école et n'a pas fréquenté les assemblées de sciences, d'après la majorité il était illettré, mais d'après certains il savait lire et écrire. Par contre Sidi Bouazza Yalennur le maître de Sidi Boumediene, ou aussi Sidi 'Ali el-Khawwas, maître de Sidi 'Abd el-Wahheb ech-Cha'rani, ne savaient ni lire ni écrire.
2 Pour plus d'infos sur les Ed-Dabbagh, leur origine et généalogie, voir l'ouvrage « Ichraf 'ala ba'd man bi-Fès min Machahir el-Achraf » de Muhammed Taleb el-Merdasi. Il traite de douze clans ou grandes familles de Churafa' de Fès, incluant les Ed-Dabbagh qu'il présente comme un clan berbère de Churafa' Idrissides issu de la descendance de Sayyidina 'Issa fils de Moulay Idris el-Asghar (رضي الله عنهم).
3 Les récits sur les Awliya' regorgent d'exemples où aux travers d'objets ayant permis de bénéficier des influences spirituelles, des maîtres décédés ont joué un rôle dans leur cheminement ou leur orientation. Une anecdote similaire à celle de Moulay 'Abd el-'Aziz ed-Dabbagh se trouve en l'exemple du fondateur éponyme de la Naqchbandiyya, Chah Naqchband, lorsqu'il revêtit la coiffe ayant auparavant appartenu à Mawlana 'Azizan 'Ali Ramiteni (قدس الله أسرارهم).
4 En arabe :
اللّهم يا ربّ بجاه سيّدنا محمد بن عبدالله صلّ الله عليه وسلم ٱجمع بينى وبين سيّدنا محمد بن عبدالله في الدنيا قبل الآخرة
5 Cette traduction est de Michel Chodkiewicz, dans « Le saint illettré dans l'hagiographie islamique », Les Cahiers du Centre de Recherches Historiques [En ligne].
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