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"Pour prendre maintenant sous un autre point de vue, et comme dans leur
principe même, les difficultés que nous voulions signaler spécialement dans le
présent chapitre, nous pouvons dire que toute expression d’une pensée quelconque est nécessairement imparfaite en elle-même, parce qu’elle limite et restreint les conceptions pour les enfermer dans une forme définie qui ne peut jamais leur être complètement adéquate, la conception contenant toujours quelque chose de plus que son expression, et même immensément plus lorsqu’il s’agit de conceptions
métaphysiques, qui doivent toujours faire la part de l’inexprimable, parce qu’il est de leur essence même de s’ouvrir sur des possibilités illimitées. Le passage d’une langue à une autre, forcément moins bien adaptée que la première, ne fait en somme qu’aggraver cette imperfection originelle et inévitable ; mais, lorsqu’on est parvenu à saisir en quelque sorte la conception elle-même à travers son expression primitive, en s’identifiant autant qu’il est possible à la mentalité de celui ou de ceux qui l’ont pensée, il est clair qu’on peut toujours remédier dans une large mesure à cet inconvénient, en donnant une interprétation qui, pour être intelligible, devra être un commentaire beaucoup plus qu’une traduction littérale pure et simple.

Toute la difficulté réelle réside donc, au fond, dans l’identification mentale qui est requise pour parvenir à ce résultat
; il en est, très certainement, qui y sont complètement inaptes, et l’on voit combien cela dépasse la portée des travaux de simple érudition.

C’est là la seule façon d’étudier les doctrines qui puisse être vraiment profitable ; pour les comprendre, il faut pour ainsi dire les étudier « du dedans », tandis que les orientalistes se sont toujours bornés à les considérer « du dehors »"
Rene guenon - introduction générale a l'étude des doctrines hindoues